Patricia Josée Tafitasoa n’a que 18 ans mais elle a déjà parcouru un long chemin. Si aujourd’hui elle étudie la comptabilité à l’école Laura Vicuña, une école partenaire de VIA Don Bosco située à Ivato, elle regarde son avenir avec la maturité d’une adulte et une ambition à faire pâlir.
« J’ai été placée dans une famille d’accueil quand j’avais deux ans, raconte Patricia. Ma mère ne pouvait plus s’occuper de moi et mon père était en prison. »
Grandir sans les soins et la protection de ses parents est une réalité tristement banale pour beaucoup d’enfants malgaches. Des milliers de garçons et filles, souvent très jeunes, errent dans les rues de la capitale pour mendier ou rechercher de la nourriture. Patricia, elle, a pu rester dans sa famille d’accueil jusqu’à l’âge de quatre ans. Elle a ensuite été accueillie dans un orphelinat géré par des soeurs à Befeta, une commune rurale située dans le nord-est de la région de la Haute Matsiatra.
« Grâce aux soeurs, j’ai pu commencer l’école primaire à l’âge de six ans. J’ai bien fait quelques bêtises, mais dans l’ensemble, j’aimais l’école et j’aimais étudier. »
À l’âge de 13 ans, l’adolescente obtient son certificat primaire et passe à l’école secondaire. « J’ai déménagé à Ivato pour vivre dans un internat. Cette première année n’a pas été facile pour moi : j’ai dû m’habituer à un nouveau cadre de vie et ma mère est décédée d’une maladie. Je ne voyais mon père qu’occasionnellement. »

Aujourd’hui, Patricia vit toujours à l’internat. Le quotidien des 63 élèves de l’école est très encadré. « Nous sommes bien ici ; nous disposons par exemple d’une radio et d’une télévision. Mais nous n’avons pas accès à l’internet et les smartphones sont interdits. Beaucoup de mes amies vivent ici en permanence parce qu’elles n’ont plus de famille. »
Pendant la journée, Patricia se rend à l’école Laura Vicuña, une école du réseau de VIA Don Bosco. À ce titre, elle a bien conscience d’être une exception. « Pour beaucoup de familles, l’école est trop chère, explique-t-elle. Mon éducation coûte 80 euros par an. Si elle n’était pas financée par des ONG, je ne pourrais pas me la permettre. »
Comme sa soeur, Patricia a choisi d’étudier la comptabilité. « Elle est mon grand modèle », confie-t-elle. Et Patricia prend son éducation très au sérieux. « Plus tard, je veux travailler dans une grande entreprise. »
Pourtant, si elle est honnête, elle doit admettre qu’elle a bien un autre rêve en tête. Un rêve d’enfant qu’elle compte aussi réaliser. « J’adore chanter, c’est mon exutoire, dit-elle dans un large sourire. Je chante toujours quand je suis seule ou lors des fêtes. Si demain, je peux devenir une chanteuse célèbre, je le fais immédiatement ! »