L’économie de la Tanzanie est en forte croissance : 5,3 % en 2023, 5,7% en 2024 et même 6% anticipés pour 2025. Plusieurs réformes menées ces dernières années par le gouvernement tanzanien, notamment dans le secteur de l’éducation, expliquent en partie cette progression fulgurante. Mais cette performance a un revers inattendu. Car si le capital économique progresse à grand pas, le capital humain indispensable pour soutenir cette croissance, lui, croit nettement plus lentement.
Quelles sont les économies les plus dynamiques au monde ? La Chine ? L’Indonésie ? La Corée du Sud ? Les Émirats ? L’économie de la Tanzanie se situe depuis plusieurs années dans le top 20 mondial en termes de croissance du PIB.
Plusieurs réformes menées depuis le début des années 2000 ont progressivement placé cet immense pays d’Afrique de l’Est en tête des classements mondiaux. Parmi les évolutions marquantes, la réforme de l’éducation a eu un impact déterminant.
En 2002, l’enseignement primaire, d’une durée de 6 ans, a été rendu obligatoire et (surtout) gratuit. Résultat : le taux de scolarisation dans le primaire atteint aujourd’hui 98 %, très au-dessus de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne (65% selon les derniers chiffres du FMI) et même de la moyenne mondiale (87%).
Dans l’enseignement secondaire en revanche, le taux de scolarisation reste très faible. Le cursus est divisé en deux cycles : quatre années d’enseignement secondaire inférieur et deux années d’enseignement secondaire supérieur. En 2023, le taux de scolarisation dans le second cycle de l’enseignement secondaire n’était que de 15 %, l’un des plus faibles du continent. Or ce cycle est une étape essentielle pour l’acquisition des compétences qui mènent vers le marché de l’emploi.
Cette situation s’explique en grande partie par le fait que l’enseignement secondaire, contrairement à l’enseignement primaire, n’a pas été rendu obligatoire et n’est gratuit que depuis une dizaine d’années. Dans un pays où les trois quarts de la population continuent de vivre sous le seuil de pauvreté, l’éducation secondaire reste un luxe et les parents préfèrent maintenir les enfants à la maison pour contribuer à l’économie familiale.
Autre facteur : les inégalités géographiques. D’après les chiffres de la Banque mondiale, 62,6 % de la population de la Tanzanie vit en zone rurale. Mais la plupart des établissements scolaires se situent en zones urbaines. Dans les campagnes, les écoles desservent plusieurs villages et manquent de ressources. Classes surchargées, absence d’internat, éclatement de l’habitat : les jeunes qui ont la chance d’aller à l’école doivent parcourir chaque jour des distances interminables, à pied ou à vélo.
À cela s’ajoute la barrière de la langue. Dans l’enseignement primaire, on parle le swahili, la première langue du pays. Mais dans l’enseignement secondaire, c’est l’anglais qui prend le relais, une langue qui, souvent, n’est pas suffisamment maîtrisée par les jeunes.
Dernier élément, l’inadéquation entre l’offre de formations scolaires et les besoins du marché du travail. Avec des professeurs insuffisamment formés, les écoles n’arrivent pas à suivre les attentes d’un marché du travail en pleine évolution. Résultat : les jeunes qui ont la chance de décrocher un diplôme secondaire n’ont pas les compétences techniques et professionnelles requises pour soutenir la croissance économique de la Tanzanie.
Dans ce contexte, VIA Don Bosco a choisi de développer, avec quatre écoles professionnelles et techniques locales, des programmes de formation conçus en lien direct avec les attentes du marché de l’emploi tanzanien. Ces programmes portent sur des filières comme la mécanique automobile, la couture, la menuiserie, l’agriculture ou encore l’informatique.
Pour répondre au problème de qualification des professeurs, l’ONG a financé une nouvelle école de formation pour les enseignants. Celle-ci a ouvert ses portes en 2017 à Dodoma. Son programme a été pensé avec les partenaires locaux et est régulièrement évalué et mis à jour. À l’heure actuelle, il s’agit encore de la seule école de formation des enseignants du pays.
Comme dans tous les pays où elle est active, VIA Don Bosco a également mis en place un Bureau d’Emploi (BDE). Composé d’employés locaux, le BDE a trois fonctions : proposer des stages en entreprise aux élèves, accompagner les jeunes diplômés vers l’emploi et monitorer l’évolution des besoins du marché du travail pour pouvoir adapter les programmes scolaires de manière continue. Le BDE est donc en contact permanent avec un important réseau d’entreprises locales.
Dans le programme 2022-2026, VIA Don Bosco soutient ainsi la scolarité de 11 452 jeunes tanzaniens avec un taux de mise à l’emploi des jeunes diplômés de 69%.