Depuis sa fondation en 1967, VIA Don Bosco a toujours été présente en RDC. Avec ses 7 écoles partenaires situées à Kinshasa, Lubumbashi et Mbuji-Mayi, l’ONG s’est engagée à assurer la formation d’environ 3 900 élèves de 13 à 25 ans au cours du programme 2022-2026. Mais la guerre qui sévit dans l’Est du pays et l’avancée des rebelles du M23 risquent d’impacter les activités du programme.
« Depuis la fin janvier, la situation sécuritaire en RDC se dégrade de manière générale, et plus particulièrement à l’est du pays. On n’a pas vu ça depuis au moins dix ans, confie Don de Dieu Kamunga, coach de projet VIA Don Bosco pour la RDC. Les sources officielles font état de plus de 3 000 personnes mortes et de 700 000 déplacées lors des combats pour la prise de Goma. Le M23 affirme avoir pour objectif la capitale, Kinshasa. Sa progression rapide dans l’est est un indicateur clair que la guerre n’est pas près de s’arrêter. »
Le conflit armé entre les rebelles du M23 et l’armée gouvernementale de la RDC est actuellement l’une des crises les plus complexes en Afrique. Le groupe rebelle est composé principalement d’anciens soldats tutsis, une ethnie rwandaise, et est soutenu par le Rwanda. Il a réussi à prendre la ville de Goma en janvier de cette année, faisant des milliers de morts.
La violence a ensuite progressé vers Bukavu, la capitale du Sud-Kivu. L’armée congolaise (FARDC), soutenue par 12 000 soldats burundais, a essayé en vain de contenir cette avancée. Mais depuis le 16 février, les rebelles du M23 contrôlent fermement la métropole. De nombreuses écoles ont fermé leurs portes et des milliers de personnes ont fui. La situation a également entraîné l’arrêt de nombreuses opérations humanitaires. Les bombardements et les pillages ont détruit des infrastructures essentielles telles que la distribution d’eau ou d’électricité, et les installations médicales.
Une atmosphère de psychose à Kinshasa
À l’heure d’écrire ces lignes, les combats n’ont pas encore atteint les zones où les écoles partenaires de VIA Don Bosco sont actives, notamment Kinshasa. Mais la situation est très tendue et pourrait rapidement dégénérer, à Kinshasa et ailleurs.
« Les rebelles n’occupent pas les zones où se situent nos écoles partenaires, précise Don de Dieu Kamunga. Mais le risque d’une détérioration est bien réel. À Kinshasa, une atmosphère de psychose règne, avec des menaces de manifestations de grande envergure. Le 28 janvier dernier, nous avons assisté à des scènes de
vandalisme contre certaines missions diplomatiques installées à Kinshasa, une manière pour les Kinois d’exprimer à la communauté internationale leur mécontentement. Si de telles manifestations se reproduisent, les organisations internationales seront probablement les premières visées. »
Les équipes belges de VIA Don Bosco suivent attentivement la situation. « Nous avons de grandes craintes et nous anticipons des demandes qui iront croissantes, reconnait Eric Henrotte, responsable récolte de fonds et communication. En effet, quelle que soit l’issue du conflit, nos écoles partenaires auront toujours besoin de soutien pour sortir les jeunes de la rue, leur proposer des trajectoires de réintégration et leur apprendre un métier. Mais la situation sécuritaire actuelle complique encore un peu plus les choses. »