Tanzanie

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« Je veux créer mes propres vêtements et ouvrir une boutique »  

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Créateur de vêtements, entrepreneur ou footballeur professionnel : Karim Mikidadi Saidi, 18 ans, n’a jamais eu peur de rêver grand. Après une enfance difficile, il a suivi une formation de tailleur à Dar es Salaam (Tanzanie) : « Un jour, j’ouvrirai mon propre magasin de vêtements ».

Karim nous emmène à Dar es Salaam, le centre économique de la Tanzanie, où le contraste entre richesse et pauvreté est palpable. Ici, VIA Don Bosco travaille avec deux écoles : Don Bosco Oysterbay et le centre Matumaini, qui propose des formations en couture, en hôtellerie, en informatique et en production alimentaire.

Karim suit une formation de tailleur. Comme la plupart des élèves, il vit dans l’un des quartiers les plus pauvres autour de l’école. « C’est bien de vivre près de mes amis, mais il est difficile de grandir dans ce quartier, admet le jeune homme. Il est sale, surpeuplé et il y a beaucoup de problèmes comme les vols et la toxicomanie. »

Karim vit avec ses parents dans une simple maison de quatre pièces, dont ils louent une partie pour joindre les deux bouts. Cadet d’une famille de sept enfants, il est le seul à pouvoir aller à l’école. « L’éducation est trop chère pour de nombreuses familles, explique-t-il. Et pour beaucoup, il y a aussi la barrière de la langue, car l’école est le plus souvent en anglais et pas en swahili. »

D’autres obstacles, tels que le matériel pédagogique inadapté, les infrastructures obsolètes et la pénurie d’enseignants qualifiés, poussent des millions de jeunes à abandonner l’école en Tanzanie. Karim, lui, a quitté l’école à l’âge de 16 ans : « Mon père est tombé gravement malade à cette époque. Ma mère est donc devenue le seul soutien de la famille. Elle vendait des crêpes dans la rue, mais cela ne rapportait pas grand-chose. À cause de tout ce stress, j’ai échoué à mes examens ».

Deux ans plus tard, le père de Karim ne va toujours pas mieux. Mais l’adolescent a refusé d’abandonner. Il s’est inscrit à la formation de deux ans en couture à Matumaini, l’une des quatre écoles partenaires de VIA Don Bosco.

« Je veux créer mes propres vêtements et ouvrir une boutique, confie-t-il. Mais je dois d’abord économiser. Je devrai sans doute travailler deux ans avant d’avoir l’argent qu’il faut pour acheter une machine à coudre et louer un local. »

« Un diplôme ouvre des portes »

Karim compte sur le salaire de départ qu’il obtiendra avec son certificat, soit environ 100 euros par mois. « Mes frères et sœurs, qui ne sont pas allés à l’école, gagnent peut-être plus en ce moment. Mais un diplôme ouvre des portes. Leur salaire restera toujours le même, alors que, moi, j’aurai l’occasion de progresser ».

Derrière les rêves, Karim mesure aussi sa responsabilité. « Je suis reconnaissant envers mes parents : je peux aller à l’école. Mais cela crée une certaine pression car ma famille comptera toujours sur moi financièrement. Il faudra donc que j’attende un certain temps avant de pouvoir fonder ma propre famille. »

Et si la carrière de styliste ne fonctionne pas ? « Impossible ! », bondit le jeune homme. Qui avoue qu’il se verrait bien aussi devenir footballeur professionnel…