Belgique

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« Il est faux de croire que les élèves d’aujourd’hui sont moins motivés qu’hier »

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Trois décennies dans la même école ! À l’heure du nomadisme professionnel, Caroline Wille fait figure d’exception. Et son parcours est atypique : ingénieure industrielle de formation, avec une licence en informatique, elle a démarré sa carrière dans le secteur bancaire, puis comme consultante, avant de trouver sa vraie vocation dans l’enseignement. Mais pourquoi la pédagogie de Don Bosco ? Rencontre et analyse de 30 ans d’évolution pédagogique avec une professeure que tout le monde aurait aimé avoir.

« Les programmes évoluent, les fondamentaux pédagogiques restent. » Tel pourrait être le credo de Caroline Wille, enseignante depuis 1994 en électronique numérique et en informatique au collège Don Bosco de Haacht. Si le monde a radicalement changé en 30 ans avec le développement d’Internet, l’arrivée des smartphones, l’émergence des réseaux sociaux et maintenant de l’intelligence artificielle, les ingrédients de base pour qu’une pédagogie « fonctionne » sont bel et bien restés inchangés.

« La relation bienveillante entre l’enseignant·e et l’élève demeure un élément essentiel, explique-t-elle. Pour bien orienter un ou une élève, il faut comprendre son environnement global : sa situation familiale, ses contraintes extra-scolaires, et son histoire. Ce garçon, cette fille vit peut-être des situations compliquées en dehors des murs de l’école, et il est crucial d’en tenir compte pour l’accompagner au mieux. » Selon elle, dans ce monde en plein bouleversement, la pédagogie de Don Bosco n’a donc jamais été aussi pertinente.

Mais cette exigence oblige à une remise en question permanente. C’est particulièrement vrai en électronique et en informatique, des matières où les erreurs en cours de programmation sont soulignées sans détour par les machines. Pour Caroline, la force de la pédagogie de Don Bosco est justement cette approche empreinte d’empathie productive. « L’élève doit comprendre que l’erreur fait partie intégrante du processus d’apprentissage et qu’elle ne doit surtout pas être vécue comme un échec, au contraire. Après une mauvaise note, je commence donc toujours par relever ce qui a été positif. En discutant avec l’élève, j’essaie de le ou la remettre en confiance et j’insiste sur sa capacité à réussir. C’est comme cela qu’il ou elle pourra continuer à progresser. »

10 ans du programme School 2 School

Comme toutes les écoles salésiennes dans le monde, Don Bosco Haacht propose un enseignement technique et professionnel en vue de la mise à l’emploi des jeunes. Mais ce n’est pas tout : l’école veille à ce que les élèves acquièrent également des compétences non techniques importantes telles que l’empathie, l’ouverture aux autres, la tolérance… Autant de qualités humaines qui, combinées à de solides compétences techniques, font que les garçons et les filles issus des écoles Don Bosco sont souvent recherchés sur le marché du travail.

C’est pour cette raison que l’ouverture sur le monde est si importante pour Caroline. Elle y travaille dans son école et participe au programme School 2 School de VIA Don Bosco depuis plus de 10 ans maintenant.

« Dans le cadre de School 2 School, nous travaillons en étroite collaboration avec l’école Don Bosco de Pondichéry (Inde). Nos échanges permettent aux élèves de découvrir d’autres cultures et d’élargir leur champ d’expérience. Par exemple, de constater qu’en Inde, les filles et les garçons ne s’assoient pas ensemble en classe. Les élèves discutent de ce qui fonctionne bien en Inde ou en Belgique et engagent des discussions très enrichissantes. De telles expériences sont indispensables pour les jeunes et l’acquisition de compétences non techniques. »

« En se frottant à une autre culture, comme celle de l’Inde, nos élèves découvrent un nouveau mode de vie. Ceci les amène à réfléchir de manière plus critique, par exemple à la séparation des garçons et des filles en vigueur en Inde. Les élèves analysent ce qui fonctionne mieux en Belgique et ce qui fonctionne mieux en Inde, avant d’en débattre. Ce type de programme est crucial pour découvrir d’autres cultures, développer une vision critique et s’ouvrir à un monde plus grand. »

Mais les élèves ne sont pas les seul·es à en bénéficier : « Pour nous, les profs, ces programmes sont tout aussi essentiels. On apprend à connaître nos élèves sous un autre angle, dans un cadre non académique, et on renforce notre relation. Cela nous donne aussi un coup de boost pour nous engager auprès des jeunes. » La boucle est bouclée…