Fatoumata Bouaré a 23 ans et vit à Bamako (Mali). Ouvrière polyvalente de formation, la jeune femme est aujourd’hui cheffe d’une entreprise d’électricité. Son parcours atypique prouve que, quel que soit le contexte, il est possible de dépasser les stéréotypes, avec des bénéfices très concrets pour toute la communauté. Un cercle vertueux que VIA Don Bosco a décidé de renforcer en lançant un nouveau projet dans ses pays partenaires : le projet ‘Safe Schools’.
« J’ai su très tôt que je voulais mettre les mains dans le cambouis, explique Fatoumata. Mais à la fin du premier cycle de secondaire, mon âge ne me permettait pas de suivre une formation professionnelle. J’ai dû continuer jusqu’au baccalauréat avant de pouvoir commencer à apprendre l’électricité dans une école partenaire de VIA Don Bosco à Bamako, la capitale. »
Combiner études et expérience pratique n’a pas été simple. « Pendant les congés, je passais de garage en garage pour aider les réparateurs. J’aidais aussi mon père, qui est électronicien, à installer des panneaux solaires. Au fur et à mesure, j’ai appris », poursuit Fatoumata.
Tout au long de son parcours, Fatoumata a dû se battre contre le regard des autres. « En tant que fille, on est rapidement confrontée à des préjugés. L’électricité et l’électromécanique sont considérées comme des formations typiquement masculines. Quand on est femme, la plupart des gens doutent de vos compétences. »
Wisdom Tsedi, coach de projet pour le Bénin, le Burkina Faso et le Mali, explique : « Avec la pauvreté, il y a un choix à faire. Certains parents préfèrent encore garder les filles à la maison et envoyer les garçons à l’école. Mais cela évolue. »
L’histoire de Fatoumata n’est pas propre au Mali. Si les contextes culturels varient, les freins à l’éducation des filles, surtout dans les matières techniques, restent puissants aux quatre coins du globe. C’est la raison pour laquelle VIA Don Bosco a lancé Safe Schools, un nouveau projet qui s’inscrit dans une stratégie plus large visant à promouvoir l’égalité des genres et dont a bénéficié Fatoumata.
Le but de ce projet est avant tout de créer des environnements scolaires sûrs pour les filles, de sorte qu’elles puissent développer leurs talents dans des conditions optimales.
« L’égalité de genre est depuis longtemps une thématique transversale dans tous nos programmes, explique Elisa Lorenzoni, référente genre chez VIA Don Bosco. Mais nous voulions nous positionner avec force et accélérer les changements. »
« La violence basée sur le genre en milieu scolaire peut avoir d’importantes répercussions négatives sur le bien-être mental et physique des filles et entraver leur avenir, avec des conséquences pour l’ensemble des communautés, souligne Elisa Lorenzoni. Il est donc essentiel d’attaquer ce problème directement dans et avec les écoles. »
Le projet Safe Schools a débuté dans quatre pays pilotes : la Bolivie, le Mali, le Bénin et le Cameroun. Il prévoit diverses actions concrètes :
- former les enseignant·es pour qu’ils et elles adoptent des mécanismes de signalement des violences basées sur le genre,
- construire des infrastructures adaptées, comme des toilettes proches des salles de classe et bien éclairées,
- désigner des lieux sûrs au sein de l’école où les élèves peuvent parler avec une personne de confiance.
Pour ce faire, une liste de standards à atteindre a été définie avec les partenaires des différents pays. « La liste de ces standards donne beaucoup d’idées, ajoute Wisdom Tsedi. Chaque pays partenaire peut choisir en fonction du contexte, ce qu’il peut et veut faire. Cela permet de ne pas naviguer à vue, mais de savoir exactement où l’on va. »
L’objectif à long terme est maximaliste : d’ici 2031, 100 % des centres de formation partenaires de l’ONG devront avoir implémenté des standards minimums en matière de prévention des violences basées sur le genre.
« Avec Safe Schools, VIA Don Bosco veut initier une transformation durable où l’école devient un espace protégé, respectueux et égalitaire pour l’ensemble des élèves, filles et garçons », conclut Elisa Lorenzoni.
Fatoumata en sait quelque chose. Elle prend un outil et, avec un grand sourire, écrit une citation sur un morceau de métal : « Tout ce qu’un homme peut faire, une femme est capable de le faire aussi. » Et elle ajoute : « Il faut montrer aux filles qu’elles peuvent tout apprendre, tout ce qu’elles veulent. On a toutes et tous à y gagner. »