De nombreux pays, notamment en Afrique, manquent de profs. Rien qu’en Tanzanie, on estime qu’il faudrait créer 270.000 postes supplémentaires pour pouvoir scolariser la jeunesse du pays. Pour faire face à cette pénurie, VIA Don Bosco a ouvert en 2022 le premier programme de formation du pays pour le personnel enseignant. Deux ans plus tard, cette filière ne rencontre cependant pas le succès escompté…
« Le 5 octobre, comme en Belgique, nous avons célébré la Journée mondiale des enseignant·es, rapporte Justin P. Mulebya, directeur du Don Bosco Technical Training College à Dodoma, la capitale du pays. Mais cette année, notre cérémonie a été dominée par l’énorme pénurie de personnel. Plus de 3 millions d’enfants de 7 à 17 ans ne vont pas à l’école en Tanzanie. Il manque 270 000 profs dans le primaire et le supérieur. Résultat : des écoles sont fermées et les classes existantes sont surchargées. Et ce n’est pas notre seul problème. »
« La Tanzanie souffre depuis un certain temps déjà d’une pénurie de personnel enseignant, reconnaît Sarah Maria Truzzi, coach de projet de VIA Don Bosco pour la Tanzanie et Madagascar. Avec nos partenaires à Dodoma, nous avons lancé un nouveau programme pour la formation de professeur·es au Don Bosco Technical Training College, une institution créée en 2017. Ces cours ont commencé en 2022 et, encore aujourd’hui, il s’agit de la seule école de formation pour le personnel enseignant en Tanzanie. »
Depuis le départ, l’objectif de cette formation est double : répondre à la pénurie mais aussi améliorer la qualité de l’enseignement. « De nombreux profs actuellement en poste manquent de compétences pédagogiques, explique Justin P. Mulebya. Certains et certaines n’ont même aucune passion pour l’enseignement et ne sont là que pour la sécurité de l’emploi. »
Le cursus de formation des enseignant·es s’ajoute à d’autres formations proposées par le Don Bosco Technical Training College comme l’électricité, la plomberie, la mécanique automobile, la maçonnerie, la menuiserie, les TIC ou encore la soudure. « Les filles et les garçons qui suivent cette formation ont déjà un diplôme, précise Justin P. Mulebya. Beaucoup ont même déjà un emploi. »
« Cette combinaison entre travail et études s’avère être un obstacle pour les inscriptions », constate cependant Sarah Maria Truzzi. En effet, outre la durée de la formation – deux ans -, la dimension économique est déterminante : entre un revenu immédiat et une formation qui reste chère en regard des ressources disponibles, le choix est vite fait.
« La formation ne rencontre clairement pas le succès escompté, poursuit Sarah Maria Truzzi. Nous avons de la place pour 90 étudiant·es mais l’année dernière, nous n’avons eu que huit inscriptions : cinq femmes et trois hommes. Nous avons donc décidé de changer notre fusil d’épaule et d’adapter la formation. »
Pour rendre le cours plus accessible, VIA Don Bosco et le Don Bosco Technical Training College travaillent actuellement à la création d’une plateforme d’apprentissage en ligne. « Les jeunes disposent aujourd’hui d’une connexion à internet, constate Justin P. Mulebya. La plateforme leur permettra donc de suivre les cours de manière flexible, sans avoir à être physiquement présent·es tout le temps ».
Reste l’obstacle du coût de la formation. « Nous avons besoin de soutien pour réduire le minerval, notamment de la part du gouvernement. C’est crucial. Pas seulement pour les écoles partenaires de VIA Don Bosco, mais pour toutes les écoles du pays. Il en va de l’avenir des jeunes de nos écoles partenaires. »