Anancia Lema a 33 ans. Après avoir terminé ses études de maçonnerie, elle a décidé de suivre la formation en enseignement organisée depuis deux ans au Don Bosco Technical Training College, à Dodoma, la capitale de la Tanzanie. Elle y enseigne aussi les techniques de construction.
« J’enseigne le matin, explique Anancia Lema. « Mais j’ai vite senti que je manquais de compétences didactiques pour transmettre efficacement mes connaissances. C’est pourquoi je suis la formation d’enseignante l’après-midi. Je suis actuellement en deuxième et dernière année. »
Combiner les deux activités n’est pas simple. « Trouver du temps pour faire ce que j’ai à faire est mon plus grand défi. Mais la formation a une grande valeur ajoutée, surtout pour l’école où j’enseigne. La plupart de mes élèves viennent des villages les plus pauvres des environs de Dodoma. Ils et elles vivent dans des conditions difficiles et ont parfois des problèmes de comportement. La formation m’apprend à gérer ces problèmes de manière constructive pour que chaque jeune puisse atteindre son plein potentiel. ».
Anancia sait de quoi elle parle. Son propre parcours scolaire ne s’est pas non plus déroulé sans heurts. « En tant que fille, on est rapidement confrontée à des préjugés. Les métiers du bâtiment sont souvent considérés comme typiquement masculins. Beaucoup de personnes plus âgées m’ont dit que je ne réussirais pas. »
Anancia le constate dans sa classe. Les grossesses, désirées ou non, chez les adolescentes constituent aussi un défi majeur. Selon les derniers chiffres de l’UNICEF (pour l’année 2022), près de 22 % des jeunes filles de 15 à 19 ans attendent ou ont déjà un enfant. Beaucoup sont mariées à un jeune âge, ce qui affecte grandement leurs choix de vie.
« En renforçant ma formation d’enseignante, j’espère aussi m’attaquer à ces problèmes et briser les stéréotypes », poursuit Anancia. Elle prend une craie et, avec un grand sourire, écrit une citation au tableau : « L’éducation d’une jeune fille est la clé d’un monde meilleur ». Et de conclure : « Je veux montrer aux jeunes qu’ils et elles peuvent tout apprendre, indépendamment de leur sexe, de leur parcours de vie ou de leur situation. »