Chanceux et conscients de l’être, Aboubacar Berthe et Jean Luis N’Tcha le sont assurément. Ces deux enseignants de la filière deux-roues du centre de formation rural de Touba au Mali reviennent tout juste d’un mois de perfectionnement technique dans les ateliers de CFAO Motors à Bamako, « la crème de la crème du pays en termes de mécanique moto », explique Aboubacar. « On a eu la chance de pouvoir mettre les mains dans les moteurs des tout nouveaux modèles Yamaha. C’est beaucoup plus instructif qu’une formation théorique sur des documents d’usine ».
Après 13 ans de soutien à trois centres de formation professionnelle partenaires, l’action de VIA Don Dosco au Mali arrivera à son terme en 2026. Le programme est donc entré dans sa dernière phase, appelée « programme Exit ». « C’est le but de tous nos programmes », insiste Wisdom Tsedi Project Coach pour le Bénin, le Mali et le Burkina Faso. « Après le renforcement des écoles, la mise en place des formations et des parcours d’insertion socio-professionnelle, on passe à l’autonomisation finale des partenaires pour qu’ils puissent poursuivre sans nous et que nous puissions passer à un autre pays ».
La formation d’Aboubacar et Jean Luis dans les ateliers de CFAO Motors est un exemple typique des actions menées dans la cadre d’un programme exit. « Durant cette phase finale, l’objectif est de renforcer les capacités dans des domaines où nous avons identifié encore quelques fragilités », résume Wisdom. « Touba est un milieu très rural. On s’y déplace essentiellement à moto et la filière mécanique est centrale pour notre école partenaire. Aboubacar et Jean Luis sont destinés à devenir les formateurs des professeurs de l’école. On les a donc envoyés dans la capitale pour qu’ils intègrent les dernières technologies et puissent ensuite les transmettre à leurs collègues. »
S’assurer que les manuels de formation soient prêts et en nombre suffisant, finaliser un outil numérique pour la gestion de stock des centres, travailler sur la grille salariale, mettre en place un outil de suivi des élèves après leur départ des centres, développer encore les capacités de recherche de financement pour les projets d’entrepreneuriat…. « D’ici 3 ans, il faudra être au top des standards dans chaque pôle, la pédagogie bien sûr mais aussi l’accompagnement des jeunes vers l’emploi ou l’auto-entreprenariat ».
« Notre bureau de l’emploi est déjà autonome dans sa recherche de ressources », nuance Jean Luis. « Il a créé un bon réseau d’entreprises pour accueillir nos stagiaires et travaille aussi avec les organisations de l’emploi au niveau national. Ce qui reste à faire est plutôt de l’ordre de la finition comparé à tout ce que nous avons accompli jusqu’ici avec VIA Don Bosco. »
Dans les trois écoles partenaires à Bamako, Sikasso et Touba, neuf filières ont basculé en approche par compétences. Une petite révolution qui implique que les élèves doivent désormais réussir dans toutes les matières qu’ils ont choisies pour pouvoir passer à l’année supérieure et plus seulement obtenir une moyenne générale. « L’approche par compétences exige plus de suivi de la part des formateurs et plus d’investissement de la part des élèves », reconnaît Wisdom . « Mais les résultats pédagogiques sont incontestablement supérieurs ».
« Tout cela, ce sont des acquis considérables que nous allons pouvoir valoriser et dont nos élèves vont pouvoir bénéficier encore pendant longtemps après le départ de VIA Don Bosco », sourient Aboubacar Berthe et Jean Luis N’Tcha.