Haïti

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Un point de la situation en Haïti avec le père Victor

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Notre école partenaire des Gonaïves attaquée

Environ six mois après les émeutes en Haïti, nous nous sommes entretenus à nouveau avec le père Victor, directeur de notre bureau de planification et de développement en Haïti. Il nous a fait part de l’évolution de la situation dans son pays.

Les prix élevés des carburants

En septembre 2022, le gouvernement haïtien a annoncé une hausse importante des prix des carburants. Cette décision, qui équivalait presque à un doublement des prix , est venue s’ajouter à la pénurie déjà existante des carburants sur le marché officiel. Elle a aussi particulièrement impacté les personnes à faibles revenus : il leur est devenu quasiment impossible de voyager et beaucoup ont perdu l’accès à l’électricité, bien souvent produite par de petits générateurs à essence .

« Actuellement, le gouvernement a fixé le prix du diesel à environ 5 dollars par gallon (environ 3,8 litres)  et celui de l’essence à environ 4 dollars par gallon », a répondu le père Victor. « Mais de nombreuses pompes à essence sont fermées ou vendent à des prix beaucoup plus élevés. »

Et le père Victor d’ajouter : « Le gouvernement n’arrive pas à prendre des mesures contraignantes. En effet, l’État n’existe pratiquement pas à Haïti; il ne se manifeste que pour collecter les impôts très élevés qu’il impose, mais lorsqu’il s’agit de services publics pour la population, il reste silencieux. L’obtention d’un passeport, par exemple, est très difficile. »

Des révoltes et des pillages 

Après tant d’années d’instabilité politique, de violence et d’insécurité, l’augmentation du prix des carburants a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour de nombreux Haïtiens et Haïtiennes. Les gens sont descendus dans la rue, ont pillé des magasins, attaqué des bâtiments gouvernementaux et incendié des voitures.

« Heureusement, la situation s’est calmée depuis », soupire Victor. « Il n’y a plus de manifestations ni de pillages. Nous profitons prudemment du temps chaud et de la fraîcheur de la brise marine… Mais il faut toujours être prudent, car on ne sait jamais quand la situation va à nouveau dégénérer. »

Le droit à l’éducation bafoué

En raison de la situation dangereuse, la rentrée scolaire a été reportée l’an dernier, privant ainsi des milliers d’enfants de leur droit à l’éducation.

« Pendant cette période, nous avons fait de notre mieux pour rester en contact avec les jeunes, par exemple via Whatsapp ou Google Classroom. Mais ce n’était pas facile car tout le monde n’avait pas accès à internet ou à l’électricité. »

Les cours ont finalement pu reprendre à la fin novembre 2022. « Jusqu’à présent, les choses se passent aussi bien que possible. Mais nous devons compter avec la menace constante des bandes armées. Ces bandes menacent les responsables des écoles et exigent de fortes sommes d’argent. L’État ne fait pas grand-chose contre cela, ce qui pousse certains citoyens à se faire justice eux-mêmes. »

Notre école partenaire des Gonaïves attaquée

Lors des émeutes, une de nos écoles partenaires a été pillée dans la ville des Gonaïves, au nord-ouest d’Haïti. Les dégâts furent considérables. Tout fut volé : ordinateurs, machines à coudre, ustensiles de cuisine, matériel pédagogique, panneaux solaires, …

« Grâce au soutien de VIA Don Bosco, nous avons pu reprendre les cours d’informatique depuis le mois de janvier 2023 , ainsi que les cours qui nécessitent moins de matériel », explique le père Victor. « Ainsi, environ 280 étudiants peuvent actuellement s uivre une formation dans cet établissement scolaire. »

Mais il y a aussi beaucoup de jeunes que l’école ne peut pas accueillir. « Nous nous sommes organisés pour que ces jeunes puissent suivre des cours pratiques en dehors de l’école. Mais pareille situation n’est certainement pas idéale. »