En campagne comme en ville, la République Démocratique du Congo est confrontée à un chômage de masse depuis plus de 30 ans. Le marché du travail local s’étrangle de façon systémique, incapable d’ingérer les millions de demandeurs et demandeuses d’emploi supplémentaires qui, chaque année, viennent frapper à sa porte. Selon les sources, plus d’un tiers des jeunes en RDC sont sans emploi, voire même la moitié. Une véritable bombe sociale.
Depuis plusieurs années VIA Don Bosco dispense des formations sur l’auto-entrepreneuriat pour faciliter l’intégration professionnelle des jeunes des régions rurales. Nouveauté 2023, ce dispositif spécifique sera dupliqué dans les centres de Kinshasa.
Un marché de l’emploi atrophié
Les analyses des bureaux d’emploi de VIA Don Bosco montrent qu’il y a en gros deux marchés du travail en RDC, liés à des contextes très différents. Il y a d’un côté, celui des campagnes : peu, voire pas structuré; et d’un autre, un marché de type urbain : davantage tourné vers le salariat. Dans les deux cas, les opportunités sont rares.
« Pour pallier le manque d’entreprises en milieu rural, le centre Don Bosco de Mbuji-Mayi propose aux jeunes de suivre une formation d’auto-entrepreneuriat après l’obtention de leur diplôme. Nous voulons ainsi faciliter la création de petites unités de production, en agriculture ou en couture notamment. Cela fait plusieurs années que nous avons mis en place ce programme et ça fonctionne très bien », explique Elisa Lorenzoni, coach de projet à VIA Don Bosco. « Ce qui est neuf, c’est la forte demande que nous constatons pour ces compétences d’auto-entrepreneuriat dans les grandes villes également. Cette filière offre de nouvelles opportunités d’autonomie financière pour les jeunes en milieu urbain. C’est assurément une solution crédible pour lutter contre le chômage, l’exode rural et la migration. » Un constat local que VIA Don Bosco dresse aussi dans les autres pays d’Afrique où elle est active.
Des valeurs entrepreneuriales dans les curriculums éducatifs
VIA Don Bosco a donc décidé de dupliquer à Kinshasa le modèle mis en place avec ses partenaires dans les milieux ruraux. « La première étape va être de former les profs concerné·es à Kinshasa pour qu’ils et elles puissent analyser les business plans des élèves et vérifier la faisabilité de leurs projets. » Parallèlement, les jeunes bénéficieront du suivi d’un coach local et participeront à un club d’auto-entrepreneuriat où ils et elles pourront apprendre des expériences – bonnes ou mauvaises – des autres. « Côté enseignement, les élèves devront acquérir des bases en gestion commerciale et en comptabilité afin de pouvoir établir un budget qui tient la route, gérer leurs investissements ou leurs relations avec les clients. Nous souhaitons leur fournir un maximum de clefs et d’outils. »
L’auto-financement, clé du succès
Si l’auto-entrepreneuriat soulève beaucoup d’espoir chez les jeunes, l’aventure qui les attend n’est pas un long fleuve tranquille. Elle va exiger rigueur, abnégation et un engagement personnel total. Premier obstacle : le financement. « Pour éviter les échecs, nous avons pris le parti de demander aux jeunes de trouver eux et elles-mêmes l’investissement de départ. C’est une façon pour nous de tester leur motivation et leur capacité à trouver des solutions. Sur ce point également les candidats et candidates recevront un accompagnement spécifique. »
Chaque auto-entreprise, après sa création, verra ses activités suivies par le bureau d’emploi de VIA Don Bosco pendant un minimum de 6 mois. Va-t-on bel et bien vers une consolidation de l’activité et de la structure ? Au bout d’un an, la marche des affaires sera évaluée dans sa globalité. Si sa pérennisation est en bonne voie, le jeune entrepreneur, la jeune entrepreneuse pourra prendre son envol. En toute autonomie.