Burkina Faso

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Les jeunes au coeur de la stratégie de guerre des groupes armés

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Une grave crise humanitaire

Le 30 septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré prenait le pouvoir au Burkina Faso, signant ainsi le deuxième coup d’État en moins d’un an dans ce pays régulièrement en proie au terrorisme islamiste et pourtant assoiffé de paix. Victimes collatérales, les jeunes et le système éducatif doivent faire face à une situation préoccupante. Entre insécurité et désir de changement.

« La carte actuelle du Burkina Faso est vraiment alarmante », constate Wisdom Tsedi, coach des projets de VIA Don Bosco pour le Burkina Faso, le Bénin et le Mali. « Les groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique occupent une grande partie du pays avec de forts ancrages dans le centre-ouest, le centre est et le nord du Sahel. Ils y font régner une terreur quotidienne. »

Plus de deux millions de réfugié∙es

Omniprésente, l’insécurité se caractérise par des attaques de villages, des meurtres, des enlèvements de civils, des affrontements entre l’armée et des groupes terroristes… L’état d’urgence est déjà déclaré dans quatorze provinces du pays et, de source gouvernementale, plus de deux millions de personnes ont fui les zones de combat pour se retrouver réfugié∙es dans leur propre pays. Le Burkina Faso, qui figurait déjà parmi les dix pays les plus pauvres du monde, est désormais confronté à une grave crise humanitaire.

« Jusqu’à présent, l’État burkinabé a surtout tenté de s’attaquer à la violence elle-même », poursuit Wisdom. « Mais les causes sous-jacentes, bien plus complexes, telles que la pauvreté, les problèmes climatiques et l’exclusion sont toujours bien présentes. »

Les écoles, cible prisée des terroristes

Assassinats d’enseignant∙es, attaques d’écoles, menaces et intimidations en tous genres… Les infrastructures éducatives subissent régulièrement la violence islamiste. Conséquence : pour des raisons de sécurité, 6 300 écoles ont dû fermer leurs portes, laissant plus d’un million de jeunes non scolarisé∙es. D’après une récente étude du Norwegian Refugee Council (NRC), seul un quart des élèves a été réaffecté dans de nouvelles salles de classe, la grande majorité n’ayant pas retrouvé d’accès à l’éducation.

Des enfants et des adolescent∙es, garçons et filles, se retrouvent au cœur de la stratégie de guerre des groupes armés. « Les jeunes qui ne peuvent plus aller à l’école succombent plus facilement aux discours extrémistes ou se font enrôler de force par des groupes armés. Après l’environnement familial, le savoir reste le meilleur outil de prévention pour contrer la radicalisation des jeunes. » Avec 45 % de la population âgée de moins de 15 ans, l’enjeu de la scolarisation est crucial.

Au-delà des difficultés, de l’espoir et des opportunités

Malgré l’instabilité actuelle du pays, Wisdom ne cède pas au fatalisme. « Lorsqu’on parvient à garder les portes des écoles ouvertes, les jeunes deviennent des agents du changement. Les élèves se développent, ont la possibilité de gagner une forme d’indépendance financière et de s’intégrer dans la société. Ils et elles se forgent aussi leurs propres idées et succombent nettement moins facilement aux sirènes de l’extrémisme. » Les défis qui attendent le Burkina Faso sont autant d’opportunités pour changer la face du pays, comme par exemple la nouvelle politique énergétique nationale et ses importantes opportunités d’investissements et d’emplois dans le secteur des énergies renouvelables.