Bolivie

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Les élèves se distinguent par l’éducation intégrale

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Combiner le cerveau et le cœur

Ancrée depuis toujours dans l’ADN de la pédagogie de Don Bosco, l’éducation intégrale offre une plus-value évidente aux jeunes pour s’intégrer dans la so-ciété. Le principe ? Une formation globale qui associe savoir-faire et savoir-être, « hard skills » et « soft skills », le cerveau et le cœur. Une combinaison essentielle pour trouver sa place dans la vie active et dans la société. Explication par l’exemple avec le programme de VIA Don Bosco en Bolivie.

« L’éducation intégrale peut être définie comme une éducation en tout », résume Sheila Rosalynn Motiño, responsable de projet chez OFPROBOL, l’organisation partenaire de VIA Don Bosco en Bolivie. « C’est une forme d’apprentissage où les connaissances techniques sont aussi importantes que les compétences sociales ou émotionnelles. » Ces compétences de vie, ou « soft skills », regroupent toutes les qualités personnelles qui peuvent aider les jeunes à s’épanouir : le respect, la ponctualité, la capacité à penser de manière créative, à bien travailler en groupe… « C’est un pan important de notre action au quotidien. Beaucoup d’élèves de VIA Don Bosco en Bolivie viennent de la rue, un environnement avec des valeurs et des codes propres qui sont parfois en décalage avec ceux du monde de l’entreprise. Il faut donc déconstruire certaines habitudes pour en apprendre de nouvelles. »

Les jeunes, premières victimes du chômage en Bolivie

De 60 % avant la crise Covid, la part de l’économie informelle, c’est-à-dire non déclarée, a bondi pour atteindre 80 % en Bolivie en 2023. Une situation exceptionnelle aux effets désastreux : taux de chômage élevé, absence de protection sociale, augmentation du travail des enfants… « Il est très difficile de trouver un travail décent en Bolivie aujourd’hui. À fortiori pour les groupes les plus vulnérables, les femmes, les jeunes et les personnes handicapées. » Cette réalité se vérifie dans les chiffres puisque c’est la tranche des 16-28 ans qui a le taux de chômage le plus élevé du pays.

Autre donnée importante : la fracture numérique, particulièrement marquée dans le pays. « Les jeunes en difficulté n’ont pas ou peu accès à internet et aux appareils numériques. C’est un handicap important pour s’informer, prospecter ou entrer en contact avec les employeurs et employeuses. Voilà pourquoi nous veillons particulièrement à maintenir nos équipements à jour. »

Des « savoir-être » qui font la différence

Après l’excellence des formations techniques, le développement personnel des jeunes est l’autre marque de fabrique de VIA Don Bosco. En effet, ce sont précisément leurs attitudes de vie qui permettent aux élèves des écoles partenaires de VIA Don Bosco de se distinguer des autres sur leur lieu de travail. « Le caractère chaleureux de nos jeunes est très apprécié », confirme Rosalynn. « De nombreuses entreprises, grandes ou petites, aiment travailler avec nos jeunes parce qu’ils et elles sont responsables et font preuve de respect. Lorsque nous recevons des plaintes concernant des élèves, une absence injustifiée par exemple, nous cherchons immédiatement à savoir pourquoi et ce que nous pouvons mettre en place pour éviter que cela ne se reproduise. »

Mais l’éducation intégrale va plus loin. Elle accorde aussi de l’attention aux aspects socio-émotionnels et spirituels de l’être humain pour amener les jeunes vers une citoyenneté engagée pour une société plus juste. « Le diplôme est une chose, mais nous souhaitons que nos élèves soient sensibles aux autres et à la société. Prenons par exemple le travail des associations étudiantes de nos écoles. Elles organisent spontanément des visites dans des maisons de retraite ou des distributions de nourriture. Ce sont des indicateurs forts qui nous remplissent de fierté. »

Une implication totale du corps enseignant

Les enseignant·es jouent un rôle pivot dans cette conception éducative. En plus de former d’excellent∙es professionnel∙les, il est aussi nécessaire de façonner des citoyen∙nes, ce qui exige une implication de tous les instants. « Nos profs placent beaucoup d’espoir dans nos jeunes. Ils sont toujours là pour les élèves, pendant et après leurs études. À l’écoute pour pouvoir trouver des solutions quels que soient les problèmes. » Des services de garde d’enfants ont ainsi été mis sur pied pour aider les jeunes parents à étudier, des bourses spéciales sont accordées aux élèves moins bien loti·es financièrement… « Nos profs placent l’étudiant∙e au centre de son éducation. Nous partons du principe que l’élève doit être un∙e protagoniste responsable de sa propre vie en acquérant et en transmettant les valeurs qui nous sont chères : la confiance, la fidélité et le respect. »

Comprendre l’environnement dans lequel chaque élève évolue

La méthode préventive de Don Bosco est complètement intégrée dans le cadre de l’éducation intégrale. « Cela implique que nous veillons à ce que chaque élève ait l’espace le plus sûr et le plus sain possible pour grandir », explique Rosalynn. « Cet environnement doit tenir compte de l’autonomie des jeunes et de leurs propres choix. Mais il doit aussi être suffisamment structuré pour assurer leur sécurité. »

Bénin, Madagascar, Équateur… À chaque pays ses coutumes, ses difficultés et ses opportunités. Il est donc essentiel d’adapter cette prévention à la lumière des réalités de chaque quotidien. « L’éducation intégrale s’inscrit dans un contexte particulier. En Bolivie, par exemple, un des risques est de voir les jeunes quitter l’école pour rejoindre les plantations de cocaïne. Un travail pénible mais rémunérateur. Nous devons en tenir compte pour rendre nos centres encore plus attractifs et attirer ces jeunes vers un avenir meilleur. »

Rosalynn insiste enfin sur l’ultime variable de la réussite de ce parcours intégral : le cadre familial. « Dans la mesure du possible, nous essayons toujours d’impliquer les parents dans les études de leurs enfants. Nous savons par expérience qu’un∙e jeune sans soutien familial a plus de chances d’abandonner en cours de cursus. Ceci dit, les situations sont parfois délicates car beaucoup de parents ont besoin que leurs enfants accèdent rapidement à un salaire pour soutenir financièrement leur famille. »