Le nouveau programme de VIA Don Bosco au Burkina Faso
Interview avec Wisdom Tsedi, coach de projet pour le Burkina Faso, le Bénin et le Mali
Une crise humanitaire qui ne cesse d’empirer
« Brussels Airlines annule ses vols vers le Burkina Faso. » C'est ce qu'on pouvait lire parmi les titres des journaux au début du mois d'octobre. Cela ressemblait à un fait divers, une de ces informations sur lesquelles on ne s’attarde guère. Mais les causes cachées derrière cette annonce sont bien moins simples.
À l’heure actuelle, les autorités belges déconseillent fortement de se rendre au Burkina Faso, et ce en raison de la situation politique fragile qui règne dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. Fin septembre, le chef de l'armée, Ibrahim Traoré, a renversé l'ancien président Paul-Henri Damiba, à l’occasion d’un coup d'État. La constitution a été suspendue et les frontières ont été fermées.
C'était-là le deuxième coup d'État en seulement huit mois. Avec à chaque fois la même raison pour pareil renversement : le mécontentement face à la gestion du terrorisme et la soif d’un retour à la paix. « Si vous regardez la carte du Burkina Faso aujourd'hui, c'est vraiment alarmant », soupire notre collègue Wisdom. « Les groupes terroristes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique occupent désormais presque la moitié du pays. »
La violence extrémiste a contraint des millions de Burkinabé∙es à quitter leur foyer. Beaucoup vivent actuellement dans des conditions désastreuses. Les Nations Unies parlent d'une des crises humanitaires actuelles les plus alarmantes dans le monde.
Les conséquences pour l’éducation
L'impact sur l'éducation est également désastreux. Selon le gouvernement burkinabé, la violence des groupes extrémistes a entraîné la fermeture de plus de 3 000 écoles dans les territoires occupés. Des milliers d'élèves et d'enseignant∙es en sont les principales victimes. Cependant, le droit à une éducation de qualité est extrêmement important, surtout en temps de crise.
Si jusqu'à présent l'État burkinabé a surtout tenté de s'attaquer à la violence elle-même, les facteurs sous-jacents, plus complexes, tels que la pauvreté, les problèmes climatiques et l'exclusion demeurent pour lui des défis majeurs. Or, l'éducation peut constituer un pas important vers la résolution de ces problèmes sous-jacents.
« Je crois fermement à l'importance de l'éducation », déclare Wisdom. « Elle donne aux jeunes la possibilité de se forger leurs propres idées, de se développer, de devenir financièrement indépendant∙es et de s'intégrer dans la société. De cette manière, les jeunes échappent non seulement à la pauvreté, mais ils et elles deviennent des agents du changement et contribuent au développement de leur pays. »
En outre, l'éducation contribue aussi à protéger les jeunes de l'influence des théories et pensées extrémistes. « Les groupes armés essaient souvent de détourner les jeunes pour les utiliser à leurs propres fins. Les garçons et les filles qui vivent dans la pauvreté et qui ne peuvent pas aller à l'école n'ont guère de perspectives d'avenir : ils et elles succombent donc plus facilement aux discours extrémistes. »
Le nouveau programme de VIA Don Bosco
Malgré tout, le travail s’est toujours poursuivi dans les écoles salésiennes du Burkina Faso. Nous avons choisi de travailler avec ce pays car les besoins éducatifs sont énormes en raison de la situation économique, sociale et politique qui y prévaut. « La demande pour une éducation de qualité au Burkina Faso est grande », ajoute Wisdom. « Les jeunes veulent apprendre. Ils et elles en ont le droit. » C'est à nous de protéger ce droit.
Notre nouveau programme s’étale jusqu'en 2026. Il vise à offrir à 6 000 jeunes de 15 à 25 ans (dont 45 % de filles) une éducation de qualité pour les aider à s'intégrer socialement et professionnellement. Pour atteindre cet objectif, VIA Don Bosco travaille avec des partenaires burkinabé∙es en vue de renforcer les capacités des écoles et de travailler sur des thèmes tels que l'égalité des genres, l'environnement et la paix. Quant aux bureaux d'emploi des trois écoles, ils vont guider les jeunes dans leur recherche de travail ou dans le lancement d'activités en tant qu’indépendant∙e.
Les jeunes sont l’avenir
Malgré tous les problèmes qui frappent le pays, Wisdom garde espoir. « Je ne vais pas nier que l'État burkinabé doit prendre des mesures. C'est le rôle de l'État d'assurer l'éducation et la paix. Pourtant, je pense que notre jeunesse africaine, associée à une éducation de qualité, peut déjà apporter beaucoup de changements. Le Burkina Faso est un beau pays, avec des gens magnifiques et un énorme potentiel. La paix reviendra au Burkina Faso ! »