Enseignant sous les projecteurs: Robert Mukeba depuis le Congo | VIA Don Bosco

Enseignant sous les projecteurs: Robert Mukeba depuis le Congo

Journée Internationale des Enseignants

4 octobre 2018
Bram Reekmans
Aujourd’hui, c’est la Journée Mondiale des Enseignants. L’occasion pour nous de les remercier et de les mettre à l'honneur. L’enseignant Robert Mukeba nous parle de sa vision d'une éducation de qualité en RD Congo.
"Mon but est toujours de changer le monde en formant des jeunes engagés"

Robert Mukeba est professeur de français à l’école professionnelle de Mbuji Mayi, une ville dans le Sud-Central de la République Démocratique du Congo. Dans cette école, il y a environ 700 élèves, répartis dans 4 sections différentes : couture, alimentation, éducation et commerce. Ces jeunes vulnérables viennent principalement des campagnes avoisinantes. 150 élèves logent à l’internat de l’école. Robert Mukeba fait partie d’un corps d’enseignants très motivés. Pour la Journée Internationale des Enseignants, nous lui laissons la parole pour qu’il exprime sa motivation à enseigner.

 

Pourquoi êtes-vous devenu enseignant ?

C’est de famille. Ma maman et mon papa sont également enseignants. Mais c’est aussi en discutant avec des amis qui étaient déjà enseignants que j’ai eu envie de le devenir aussi.

 

Qu’est-ce qui vous attire dans ce job ?

Quand j’étais sur les bancs de l’école, je suis entré en contact avec la définition même d’enseigner : la transmission de connaissances et de compétences d’une personne à l’autre. Cela m’a beaucoup ému. Je me suis dit : un jour, moi aussi, je veux transmettre mes connaissances à d’autres personnes. C’est ce que je fais maintenant, et j’en suis vraiment fier.

 

Ce n’est pas toujours facile d’être discipliné en classe. Être enseignant est un job qui demande beaucoup d’énergie, et qui peut parfois être épuisant en fin d’année. Comment est-ce que vous vivez cela ?

Il est vrai qu’en tant qu’enseignant, on est souvent confronté à des situations difficiles. Cela dépend aussi beaucoup du niveau de l’enseignant. Si on prépare bien ses cours, la discipline vient presque d’elle-même. Il est important de maîtriser les bonnes méthodologies pour transmettre et partager ses connaissances. L’aspect pédagogique est donc essentiel. Des problèmes de discipline arrivent souvent quand on ne maîtrise pas la matière, ou lorsque la méthodologie utilisée n’est pas adéquate.

 

Est-ce que vous pouvez donner un exemple d’une expérience de réussite personnelle ? Un accomplissement dont vous êtes fier ?

Chaque année, il y a des élèves dans ma classe qui ne parlent pas un mot de français. Si les élèves peuvent mieux s’exprimer après un certain temps d’entraînement, j’en suis fier. C’est très important pour l’avenirde ces jeunes de savoir parler, lire et écrire en français, même si ce n’est pas parfait. Je leur apprends le français de manière adaptée à leur section. Ainsi, ceux qui sont en alimentaire n’apprennent pas toujours les mêmes mots que ceux qui sont en couture. Cela motive les élèves. Pour pouvoir trouver du travail, il faut savoir s’exprimer en français.

 

Qu’est-ce qu’une bonne éducation pour vous ?

Une bonne éducation est une éducation qui fonctionne. Si l’élève, en fin de formation couture, sait faire des vêtements de façon autonome, alors l’éducation était bonne. Une bonne éducation est celle qui permet aux personnes de se transformer et de commencer une nouvelle vie.

 

Je suppose que pour que des personnes puissent se transformer, il faut autre chose que juste des connaissances et des compétences. Quelle est votre valeur ajoutée en tant qu’enseignant ?

Je montre toujours à mes élèves comment se comporter avec les autres, comment adopter un comportement juste et éthique. A côté de la théorie et des compétences, je leur apprends comment vivre en société et comment travailler avec les autres. J’essaie d’enseigner ceci aux jeunes par l’intermédiaire du français. Les élèves doivent apprendre à s’ouvrir au monde autour d’eux.

 

Quels sont les défis pour les enseignants en RDC ?

Le plus grand défi est l’instabilité politique. En plus, les enseignants travaillent souvent dans des mauvaises conditions. Ils enseignent aux enfants, mais souvent ne gagnent pas assez pour subvenir aux besoins de leurs propres enfants. Mais nous aimons notre pays, et c’est grâce à l’éducation qu’un jour, il n’y aura plus d’instabilité politique. Pour le futur de notre pays, l’éducation est essentielle. Nous ne pouvons quitter nos postes d’enseignants, sinon le pays retournerait en arrière. Et ça, nous ne le laisserons pas arriver.

 

Vous êtes un homme avec une mission !

Oui, mon but est toujours de changer le monde en formant des jeunes engagés. Enseigner me donne chaque jour du plaisir, malgré les nombreux défis.


 

 

en coopération avec

marque de qualité